Silo
Boîte d’ennuis
Silo raconte l’histoire des dix mille derniers survivants sur terre, qui vivent dans un silo d’un kilomètre de profondeur et les protège du monde extérieur, toxique et mortel. Personne ne sait quand ou pourquoi le silo a été construit et quiconque essaie de le découvrir subit des conséquences fatales. Juliette, une ingénieure, cherche des réponses sur le meurtre d’un être cher et découvre un mystère qui va beaucoup plus loin qu’elle n’aurait jamais pu l’imaginer, ce qui l’amène à découvrir que si les mensonges ne vous tuent pas, la vérité le fera.
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Silo
On a pu lire ici ou là que la hauteur du silo serait d’environ un kilomètre pour un diamètre de cent-cinquante mètres. Au centre, un escalier hélicoïdal mais, semble-t-il, pas d’ascenseurs. Gageons cependant que les sphères dirigeantes, qui logent au sommet du silo, même si ses représentants ne descendent pas souvent dans les entrailles de cette fourmilière, qu’ils ne se déplacent pas à pied… Dans ces entrailles le lumpenprolétariat fait tourner la machinerie qui permet à tout ce petit monde de survivre. La série est une adaptation des nouvelles de l’écrivain américain Hugh Howey, qui a auto-publié Silo sur le site d’Amazon, pour finalement signer un contrat avec un éditeur qui le publiera en 2012 aux États-Unis. Les deux dernières parties de la trilogie seront publiées ensuite, et cette trilogie, on la trouve en français chez Actes Sud. Hollywood s’est très vite intéressé à cette histoire, Ridley Scott notamment, et la série qui vient de débarquer sur Apple TV+ a été créé par le scénariste canadien Graham Yost (The Americans, Slow Horses).

Rashida Jones (Allison Becker) et David Oyelowo (Shérif Holston)
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Dystopie enfouie
Les dix mille derniers Terriens survivants sont enfermés parce que le monde extérieur est autant toxique que mortel. Leur mémoire collective a été effacée il y a cent quarante ans, lorsque les livres ont été brûlés et toutes les archives saisies. Il est en outre strictement interdit de posséder des objets de l’époque ancienne, appelés “reliques” et quiconque tente de découvrir ce qui est survenu dans le passé s’expose au bannissement à l’extérieur du silo, mais encore, quiconque prononce la phrase “Je veux sortir!” est aussi contraint à le faire. Peine doublée de l’obligation de nettoyer l’objectif de la caméra qui montre l’extérieur, afin que nous puissions observer clairement la sortie des condamnés, qui parcourent quelques mètres en titubant avant de s’écrouler définitivement.

David Oyelowo (Shérif Holston), Geraldine James (Maire Ruth Jahns) et Will Patton (Adjoint Marnes)
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En plein cœur de l’intrigue

Common (Sims)
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Passé interdit
Heureusement, la révolte gronde. Juliette Nichols, brillamment interprétée par l’actrice suédoise Rebecca Ferguson (Dune, La Fille du train) travaille dans le cœur du silo et elle se rêve en bélier pour défoncer les portes qui cachent la vérité, notamment afin de savoir pourquoi les détentrices et les détenteurs de l’autorité sont aussi fermement attachés au pouvoir. Un thème universel et intemporel. Dans cette société rétrofuturiste, où l’évolution technologique s’est figée dans le temps, la tension dramatique émerge dans un récit qui évoque nos faiblesses en tant que civilisation et la volonté de comprendre les mystères se déroule en mode thriller. Pourquoi y a-t-il eu comme un reset de l’histoire des derniers survivants de l’humanité pour aboutir à certaines pratiques qui s’inspirent directement du Moyen Âge? En ce sens, la proposition artistique de Silo excelle et nous décrit un univers très particulier, qui rappelle un peu le début de la série Snowpiercer.

Tim Robbins (Bernard)
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Futur extérieur?
Entre ceux qui veulent connaître la vérité et ceux qui essaient de la cacher à tout prix, la métaphore de la fourmilière prend encore plus de force, le pouvoir cherchant en permanence d’aliéner chaque individu de la colonie par son travail, le b-a-ba du totalitarisme. Comme dans toute bonne dystopie, la vision de notre réalité que raconte Silo, enclenche un mécanisme d’identification aux personnages qui nous renvoient au destin politique, social et écologique de notre bonne vieille planète, qui risque bientôt de ne l’être plus.