RADIOPHONIERabbit / Hole
Le coût du lapin

Rabbit / Hole
Le coût du lapin

8 avril 2023

Je me suis fait choper par cette série intégralement fondée sur les retournements et les cliffhangers… Il va falloir que je sois très attentif à ne pas glisser sur une peau de banane divulgâcheuse. Le héros de cette série s’appelle John Weir et il exerce le lucratif métier d’espion. Pas pour un état ou un autre, voire plusieurs en même temps, non ! John Weir bosse dans le privé et ce seigneur de la tromperie se fait engager, avec son équipe, par des riches pour manipuler d’autres riches afin que ceux-ci perdent leur argent, leur entreprise et la face, au profit des affaires de ceux-là.

Écouter la chronique (7’11”)

Dans l’expression anglaise descendre dans le trou du lapin ou tomber dans le trou du lapin, ce trou de lapin fonctionne comme une métaphore du passage dans un état ou dans une situation merveilleusement surréaliste, voire carrément troublante. Sur internet, un “trou de lapin”, c’est une référence à un sujet extrêmement captivant et chronophage. Comme regarder une série addictive genre Rabbit / Hole.

L’origine de cette expression se trouve évidemment dans le roman de Lewis Carroll, Alice aux pays des merveilles, paru en 1865 (Pocket). Le premier chapitre intitulé “Au fond du terrier”, en anglais “Down the Rabbit-Hole”, voit Alice suivre le Lapin Blanc dans son terrier pour se retrouver dans le monde étrange, surréaliste et absurde du Pays des Merveilles. Cependant, il n’y a pas que les spectatrices et les spectateurs qui tombent dans le trou du lapin. En effet, c’est aussi le lot des personnages de la série. En outre, la graphie du titre, n’est pas sans rappeler le jargon numérique, un monde dont on comprend très vite qu’il est le socle du scénario.

Kiefer Sutherland (John Weir) et Meta Golding (Hailey Winton)
Marni Grossman • Paramount+

Big data

C’est grâce au big data que John Weir peut exercer son activité très largement illicite. Pour cette raison, John Weir est très attentif à ce qui l’entoure: internet, réseaux sociaux, caméras de surveillance… Il n’utilise que de l’argent cash et ne se sert jamais d’un smartphone, mais de téléphones jetables et prépayés.

En permanence au bord de la paranoïa, à un niveau qui frise l’inquiétant, John Weir et condamné à la solitude. Pourtant, malgré ses précautions, il se fait rattraper par un mystérieux personnage qui essaie à son tour de ruiner sa vie en utilisant ses méthodes, à ceci près que celui, ou celle, qui le traque passe tout de suite au niveau supérieur, comme vider un compte en banque, c’était juste bon pour les gamins!…

John va dès lors se lancer dans une croisade pour tenter de sortir de ce mortel sac de nœuds, sans jamais vraiment savoir qui de son maigre entourage est digne de confiance ou qui pourrait être impliqué dans ce foutu complot.

Charles Dance (Dr. Ben Wilson)
Marni Grossman • Paramount+

Retournements et cliffhangers

Ça ne s’arrête jamais! Le scénario nous piège tout au long des épisodes et évidemment à la fin de ceux-ci, puisque les cliffhangers sont par définition placés à la fin. On pourra rétorquer que dans les séries, il ne s’agit pas vraiment des cliffhangers dans la mesure où on se “bingewatche” toute une saison d’un coup. Sauf que pour Rabitt / Hole, Paramount+, après la diffusion des deux premiers épisodes le 26 mars, la plateforme a décidé de nous livrer la suite à un rythme hebdomadaire. Pour connaître la résolution du cliffhanger, il faut attendre la semaine suivante.

Merci  Paramount+ d’avoir, comme d’autres, remis au goût du jour la diffusion hebdomadaire, comme à la grande époque des feuilletons télévisés. Ne serait-ce parce que ça nous réapprend la patience, et on en a bien besoin.

Meta Golding (Hailey Winton) et Enid Graham (Josephine ‘Jo’ Madi)
Marni Grossman • Paramount+

Jack Bauer, le retour?

Glenn Ficarra et John Requa, les créateurs de Rabitt / Hole, ont choisi Kiefer Sutherland, par ailleurs producteur exécutif de quelques épisodes, pour interpréter le personnage de John Weir. Au début, on se dit que l’acteur nous rejoue la partition de Jack Bauer et ses rythmes, la mélodie du taiseux qui commence par vous aboyer contre quand on lui résiste, pour finir par vous découper en petits morceaux quand on persiste, mais ça finit par s’affiner. L’arrivée du principal personnage féminin, Hailey Winton (Meta Golding, EmpireHunger Games), dont je ne peux rien vous dire, dans l’imbroglio qui englue John Weir va permettre des scènes qui relèvent presque de la comédie: elle est aussi bavarde qu’il est silencieux, aussi désarmante qu’il est de marbre, aussi sincère qu’il semble fourbe… Enfin sincère… nous verrons.

Notons encore la présence de Enid Graham (Mare of EasttownMindhunter) dans le rôle de Josephine ‘Jo’ Madi, tenace inspectrice du FBI a priori loseuse et de Charles Dance (Game of ThronesGosford Park) dans le rôle de… Non, je ne peux pas vous dire.

Bandes-annonces

Version française

Version originale sous-titrée

À voir sur Paramount+ via myCanal

Saison 1 • 8 épisodes • ~50′

VF • VOSTFR