The Last Socialist Artefact
Ça turbine à mort!
Oleg et Nikola, deux hommes d’affaires, se rendent dans une ville déshéritée des Balkans pour convaincre ses habitants de redémarrer une usine désaffectée de turbines. Une tragi-comédie emmenée par une galerie de personnages attachants avec, en toile de fond, les conséquences de l’effondrement du bloc soviétique et les tensions d’après-guerre en ex-Yougoslavie.
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The Last Socialist Artefact

Izudin Bajrovic (Janda)
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Zone blanche
Zone sans signal évoque autant un lieu perdu et éloigné de tout que la difficulté de communiquer quand on n’en a pas. De signal. Pour compliquer, The Last Socialist Artefact est adapté du roman de l’auteur croate Robert Perišić, Zone sans signal, sorti en 2014, et publié en français en 2019 aux éditions Gaïa sous le titre Les turbines du Titanic. Bref. Deux hommes d’affaires, Nikola et Oleg, se rendent dans une ville économiquement ravagée des Balkans, pour convaincre ses citoyens de faire redémarrer l’usine qui, à l’époque du socialisme triomphant était l’employeur principal, voire unique, du bled. Dans cette usine, on y fabriquait pas même des turbines mais une turbine, un seul et unique modèle de turbine, dont on ne connaîtra pas vraiment l’usage.

Rene Bitorajac (Oleg) et Tihana Lazovic (Lipsa)
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L’humain avant tout
Chacun des six épisodes est intitulé selon le prénom d’un des personnages principaux et prend le temps nécessaire pour explorer sa vie, son humanité, un peu de son passé et de son présent. Oleg et Nicolas, qui se situent de chaque côté de la limite censée séparer les hommes d’affaires des magouilleurs, quand ce ne sont pas carrément des bandits, ce binôme est au centre des deux premiers épisodes. Au fur et à mesure que se révèle leur personnage on découvrira également comment il se modifie en fonction des relations qu’il entretient avec les autres. Nikola, par exemple, aussi calme que désespéré au début, va se découvrir une vocation de meneur de femmes et d’hommes lorsqu’il va se retrouver, un peu malgré lui, à la tête l’usine, dont la résurrection n’est pas spécialement une promenade de santé: dans l’entourage, il n’y a pas que des gens aux intentions louables.

Jovana Stojiljkovic (Seila)
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Empathie et solidarité
Les personnages sont extrêmement attachants, malgré les zones d’ombre de certaines ou certains et The Last Socialist Artefact s’articule sur un développement choral qui en fait la réussite. Cette mini-série s’oppose à la majorité des productions qu’on a l’habitude de regarder, à savoir des histoires qui nous racontent la destruction d’un monde solidement ancré. Là, c’est tout le contraire puisqu’il s’agit d’une histoire de construction. Les personnages commencent à construire, même à re-construire quelque chose ensemble et, grâce à cette création commune, ils font ressortir le meilleur de chacune et de chacun.

Jovana Stojiljkovic (Seila) et Iva Babic (Viktorija)
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Du local au global
Une petite ville industrielle dont les outils de production sont à l’abandon depuis des années et dont la population souffre d’une situation économique épouvantable, ce n’est malheureusement pas le privilège des Balkans. C’est aussi le sort amer des régions industrielles et minières d’Europe et d’ailleurs. Je pense par exemple à une autre excellente série, beaucoup plus dure, qui se déroule dans une ville américaine de l’ancienne région métallurgique du pays, une série que RTS 1 avait diffusée, Mare of Easttown, de Brad Ingelsby avec Kate Winslet dont j’avais parlé ici même et que vous pouvez d’ailleurs toujours découvrir sur OCS via BlueTV ou myCanal. Ce qu’on salue au passage, parce que les plateformes ont de plus en plus tendances à se moquer des clients que nous sommes en supprimant des programmes pour que les ayants droits les diffusent ailleurs pour empocher encore plus d’argent.